Interventions de Rezé à Gauche Toute au conseil municipal du 31 mai 2018.
10 & 12. Affectation des résultats 2017 et DM1 2018
L’année passée, nous avions voté contre l’affectation des résultats 2016, en regrettant le basculement important de l’excédent de fonctionnement vers les budgets d’investissement.
Nous ne reviendrons pas sur l’argumentation détaillée à l’époque, mais nous n’avons pas changé d’avis, comme nous l’avons aussi rappelé lors du débat budgétaire.
Cette année nous constatons toujours le même choix politique de la majorité : sur 3,73 millions € d’excédent de fonctionnement en 2017, 730 000 € sont affectés à l’investissement 2018 via la présente délibération, auxquels s’ajoutent 2,7 millions d’euros transférés de la section de fonctionnement à celle d’investissement via la DM1 que nous examinerons juste après.
Au final, sur 3,7 millions d’€ potentiellement disponibles, il n’en reste que 500 000 euros de ressources pour le fonctionnement. C’est trop déséquilibré.
C’est pourquoi nous voterons contre cette délibération, et contre celle de la DM1.
9 – Budget principal et budget annexes – Comptes administratifs 2017 – Approbation
Il s’agit d’approuver la régularité des comptes. Sur ce point nous faisons confiance au receveur, raison pour laquelle nous votons POUR le compte de gestion.
Il s’agit aussi d’apprécier la cohérence des dépenses et recettes par rapport au BP 2017. Sur ce point, avec nos petits moyens, nous n’avons pas constaté d’écart flagrant ou inexpliqué entre le prévu et le réalisé. Pas de raison, donc, de s’opposer, indépendamment du fait que nous nous étions abstenus sur le vote du BP 2017 pour les raisons exposées à l’époque.
Nous relevons cependant dans les comptes 2017 quelques points convergents :
- Premier point : la subvention d’équilibre à la petite enfance est en baisse, certes mesurée, par rapport aux années précédentes. Raison invoquée : ce budget a dégagé un excédent en 2017, lié à l’évolution à la hausse des quotients familiaux, provoquant une hausse de la part payée par les usagers.
- Second point : les compensations de l’Etat sur les taxes locales -foncière, habitation, professionnelle- sont en hausse sensible, + 12,36 %. Raison invoquée : l’augmentation du revenu fiscal de référence de la commune.
- Troisième point : augmentation des contributions fiscales directes : + 4,4 % en 2017. Raison invoquée : le dynamisme des bases, autrement dit, le nombre de contribuables, mais aussi leurs revenus.
- Quatrième point : très forte augmentation des droits de mutation : + 27,3%. Autrement dit, plus de biens immobiliers se sont vendus, et —car ce se sont les 2 à la fois— ils se sont vendus plus cher.
Tout ceci tend à montrer que la population rezéenne s’enrichit. En première approche, c’est réjouissant, mais cela pose deux questions :
- Elle s’enrichit en moyenne, mais qu’en est-il des écarts entre riches et pauvres ?
- Sont-ce les rezéen·ne·s de longue date qui s’enrichissent, où est-ce plutôt dû au renouvellement de la population ?
Pour répondre à ces questions, nous avons étudié finement plusieurs indicateurs statistiques le plus récents disponibles.
Nous vous épargnons ici l’exposé précis des chiffres —mais nous pourrons vous les communiquer si vous le souhaitez— mais retenez ceci :
- L’écart de revenus inter-déciles, qui indique les disparités de revenus entre riches et pauvres, était très bas à Rezé il y a 20 ans, mais il a augmenté fortement depuis, et en particulier entre 2010 et 2014, dernière année disponible publiquement via l’INSEE. Cela montre que les inégalités augmentent dans notre commune.
- Cet écart est moins faible que celui de la métropole, cela signifie que Rezé est plus égalitaire que la métropole. Mais le différentiel s’estompe progressivement.
- Et depuis 2012, Rezé est plus inégalitaire que l’ensemble du département, alors que c’était l’inverse avant. Cela veut dire que Rezé est en train de suivre la tendance métropolitaine.
- Et la tendance métropolitaine c’est quoi : c’est que le territoire n’est pas attractif de la même façon pour tous. C’est qu’on attire les riches, et qu’on repousse les pauvres en périphérie. D’autres indicateurs le montrent. Nous n’allons pas les détailler maintenant, nous vous les avons déjà présentés en réunion spécifique en mars 2017.
- L’explication est double : les emplois créés dans la métropole sont majoritairement qualifiés, et les populations modestes vont habiter en seconde couronne à cause des prix du logement. Les prix de l’immobilier grimpent car, malgré la surproduction de logements neufs sur la métropole ces dernières années, les populations aisées nouvellement attirées tirent le marché de l’immobilier à la hausse.
- Dernier indicateur : en 2014 -dernière année disponible toujours- le taux de chômage des ouvrier·e·s rezéen·ne·s était de 17% quand celui des cadres n’était que de 5,5 %.
Monsieur le Maire, dans l’édito du Rezé Mensuel de mai 2018, s’est réjouit que la métropole « affiche la première croissance française pour l’emploi des cadres et du numérique ». C’est ne présenter qu’un portrait partiel de la situation économique et sociale de Rezé.
Nous alertons sur la gentrification progressive de notre commune et de la métropole, et souhaitons que des orientations politiques soient prises pour inverser cette tendance.
Merci de votre attention.