Interventions de Rezé à Gauche Toute au conseil municipal du 29 mars 2019.
5. Vote du budget primitif 2019
Depuis plusieurs années, nous dénonçons la faible augmentation du budget de fonctionnement, alors que la population augmente, que les besoins des plus démunis augmentent, et que les politiques sociales, le vivre ensemble et la qualité des services quotidiens à la population relèvent surtout du budget de fonctionnement.
On pouvait à la limite l’entendre de 2014 à 2017, lorsque l’Etat a raboté de manière scandaleuse les recettes en fonctionnement des communes. Mais ce coup de rabot est, pour le moment du moins, terminé, et les recettes de fonctionnement repartent, et c’est heureux, à la hausse : +1,4% en réel.
En face que nous proposez vous : un tout petit +0,4% d’augmentation des dépenses réelles de fonctionnement. Alors que les collectivités soumises à la contractualisation avec l’Etat pour la maîtrise des dépenses publiques peuvent, elles, aller jusqu’à +1,2%. Quel est votre objectif : apparaître comme un bon élève aux yeux du gouvernement Macron-Phillipe ? Non, ce serait un procès d’intention exagéré.
Votre objectif nous semble plutôt être de dégager un maximum de budget pour l’investissement , de manière à faire, au delà des dépenses indispensables -école, petite enfance…-, quelques belles réalisations dont l’exemple emblématique est ce skate park à presque 500 000 euros. Bien sûr c’est un plutôt beau projet en soi, la jeunesse sera contente et c’est tant mieux, on espère que cela profitera au quartier, mais n’est il pas un peu luxueux ? Ne pouvait-on pas faire presque aussi bien en dépensant quelques dizaines voire centaines de milliers d’euros de moins ? Et puis si on raisonne en termes de justice sociale, est-ce vraiment la priorité de faire un skate park, ou d’augmenter, par exemple, le budget du CCAS ?
A ce sujet du budget du CCAS, nous avons eu droit, à la commission affaires générales préalable au présent Conseil, à des propos surréalistes de la part de certains membres de la majorité. Lorsque nous avons fait remarquer que la hausse de la subvention au CCAS était contrainte à +0,5% cette année contre +1% les années précédentes, on nous a répondu, en gros, que le CCAS élaborait le budget qu’il voulait, que la Ville donnait une subvention d’équilibre, et que si le budget n’augmentait pas plus, c’est que le CCAS n’avait pas besoin de plus.
Ce n’est bien évidemment pas le cas. Il faudrait peut être arrêter de nous prendre pour des imbéciles. S’il ne s’agissait que de nous, ce ne serait pas grave, mais il s’agit de l’aide aux populations défavorisées. Alors que les derniers résultats de l’observatoire social urbain nous montre que les pauvres deviennent plus pauvres, alors que tout le monde est conscient de la hausse des besoins d’accompagnement à domicile des personnes âgées, c’est grave. Alors chiche, donnez open bar au CCAS, quitte à contraindre un tout petit peu plus les dépenses d’investissement.
Autre conséquence des dépenses de fonctionnement contraintes : on nous dit et nous répète que c’est le manque de ressources budgétaires communales qui justifie le recours aux partenariats ou aux complémentarités avec le privé dans au moins deux domaines : les gardes d’enfants, et l’accompagnement aux personnes âgées. Et bien nous, nous disons que si on affectait plus de budget à ces 2 domaines, le recours au privé serait moins nécessaire, avec au moins 2 avantages : une meilleure égalité de traitement des habitant·e·s, et pour les personnes âgées, l’évitement de la captation de l’or gris, par le business de la silver économie.
Pour ces raisons, et pour d’autres que nous avons détaillées là des occasions précédentes et qui ne s’arrangent pas (faiblesse du budget écologique, augmentation continue du budget numérique, éloignement des citoyens vis à vis de la décision budgétaire…), nous nous abstiendrons sur ce budget.