Intervention de Rezé à Gauche Toute – 3 minutes sur « vieillir avec dignité : dépendance et Ehpad : mettre fin aux profits démesurés et irresponsables des groupes privés. »
À 200 m d’ici, c’est la route de Pornic : l’axe routier avec le plus fort trafic de tout l’intérieur du périphérique. 40 000 voitures ou camions par jour, un véhicule toutes les 2 secondes en moyenne, et bien plus aux heures de pointe.
Juste un peu plus loin, au raz de cette route, à coté de l’hôtel Ibis, un EHPAD, autrement dit une maison de retraite : le Clos de l’Ile Macé, un nom poétique pour une réalité qui ne l’est pas du tout.
Dormir deux nuits à l’hôtel en bordure immédiate d’une route hyper fréquentée, bruyante et polluante, passe encore.
Mais y passer la fin de sa vie, coincé dans une chambre avec à sa fenêtre un tel paysage visuel et sonore, ou, choix alternatif, dans une chambre coté opposé à la route, au nord, sans soleil, et avec comme seule vue une zone industrielle triste et sans vie, non c’est indigne.
Qui exploite ce magnifique établissement ? Le groupe désormais bien connu ORPEA.
Non content de rogner sur le personnel —en nombre comme en conditions de travail—, sur la quantité de couches et sur la qualité des repas, ce groupe privé, pour maximiser ses profits, installe ses bâtiments sur des terrains à bas prix, au détriment de la qualité de vie des résidentes et résidents. Tout cela à un tarif de 1000 euros de plus par mois par rapport aux Ehpad publics ou non lucratifs. Mais les gens n’ont pas le choix car il n’y a plus de places disponibles dans les Ehpad non lucratifs.
De grands groupes cotés en bourse, comme Orpea ou Korian, développent de juteux bénéfices sur le marché de ce qu’on appelle la « silver économie », ou de manière encore plus abjecte « l’or gris ». Les perspectives de profit, et donc de dividendes aux actionnaires, sont alléchantes puisque le nombre de personnes de plus de 85 ans va presque tripler d’ici 2060.
Bien entendu, les groupes privés n’oublient pas non plus le business de l’aide à domicile.
Tout ceci n’a pu être possible que grâce au mieux au laisser faire, au pire à l’incitation, depuis la fin des années 90, des pouvoirs publics, à commencer par l’État, et souvent la passivité et le fatalisme complice des collectivités locales.
Il est temps d’inverser cette tendance.
Comment ? En appliquant le programme de la NUPES.
Je cite :
- Construire un service public de la dépendance, pour aider les seniors à rester à domicile
- Développer un réseau public de maisons de retraite aux tarifs harmonisés et accessibles
- Créer 10 000 places par an en EHPAD publics pendant cinq ans,
- Former, qualifier et recruter en nombre suffisant le personnel nécessaire : au moins 210 000 personnels médico-sociaux et médicaux
À Rezé à Gauche Toute nous le répétons depuis des années : cessons de rogner sur les recrutements de personnel, y compris public, au motif qu’il s’agit comptablement de dépenses de fonctionnement. Investissons de l’argent public dans l’humain au service de l’humain.
Mais aussi, car il ne suffit pas de développer un service public, il faut affaiblir le privé. En tapant là ou ça leur fait mal, c’est à dire au porte monnaie. Par la Loi, que font les député·es.
Je cite à nouveau le programme de la NUPES :
- Accorder aux salariés un droit d’intervention sur la politique de distribution des dividendes
- Refonder l’impôt sur les sociétés pour (…) favoriser l’investissement plutôt que la distribution de dividendes
Et il ne s’agit que de première pistes. Gageons qu’une majorité NUPES à l’Assemblée saura trouver d’autres leviers réglementaires. Par exemple : plus aucune aide publique au secteur privé de la dépendance.
Pour améliorer la vie d’une grande partie des personnes en situation de dépendance, et plus généralement de celles et ceux qui ne sont pas favorisé·es à la naissance ou par la vie, développons les services publics, localement, nationalement.
On lâche rien !