Interventions au conseil municipal du 12 décembre 2019

Interventions de Rezé à Gauche Toute au conseil municipal du 12 décembre 2019.

7. Débat d’Orientation Budgétaire

En février 2019 lors du débat d’orientation budgétaire, vous faisiez référence à la situation de l’économie française s’améliorant progressivement. Aujourd’hui, vous indiquez que sur le plan national, cette même situation s’améliore très modérément, un petit bémol comparativement à févier dernier. Vous ajoutez que le PIB progressera de 1,4% pour 2019 et que la lente décrue du chômage se poursuit ?

Ce type de propos fait plus partie des éléments de langage de Messieurs Lemaire et Darmanin que ceux d’une municipalité dite de gauche. Ce Rapport d’Orientation Budgétaire est en bonne partie « Macron compatible ».

Oui, le CICE rapporte 40 milliards par an aux entreprises, oui la suppression de l’ISF et la création de la flat taxe amputent le budget de la nation de 4 milliards et enrichit les 0,01 % des plus aisés qui ainsi ont empoché un gain moyen de 23 073 € et pour les 5% des plus riches un gain moyen de 6 500 €. Même le comité d’évaluation mis en place par M. Macron ne voit pas de ruissellement.
Et pour couronner le tout, l’INSEE estime que l’indice de pauvreté 2018 serait de 14,7% soit 9 millions de personnes dont 2/3 dans les villes.

Rezé n’est pas un ilôt en France. Alors non, l’économie des ménages ne s’est pas améliorée dans notre commune en 2018 et 2019. Nous aurions aimé que l’analyse des lois de finance de 2019 à 2020 soit moins lissée et plus ancrée dans la réalité de nos concitoyen-ne-s.

Par ailleurs, vous présentez dans ce rapport, « les travaux d’extension du supermarché, rue de la Galarnière » comme un « renforcement des polarités commerciales » ; nous aurions préféré un renforcement des polarités scolaires mais tel n’a pas été le choix de l’ensemble de la majorité en actant la démolition de l’école maternelle. Mais c’est acté et on ne peut y revenir.

En revanche, il y a des dossiers qui sont encore réversibles : concernant le transfert du CSC Loire et Seil et la démolition du bâtiment du Port au Blé, Vous pourriez, au vu de la réalité sociale, réorienter le projet actuel. Cela créerait de la cohérence avec votre volonté affichée de, je cite le ROB, « créer du lien avec une offre d’animation en direction des familles, des personnes isolées… »

8. Décision Modificative n°2

Il est difficile, dans le budget global, de déterminer précisément tout ce qui relève du numérique et de l’informatique. Nous avons relevé, dans le BP 2019, au moins 1 millions d’euros en investissement en outils numériques. En fonctionnement, la DSI nécessite un budget annuel de plus d’un million d’euros. En plus de ces dépenses annuelles récurrentes, la galerie numérique à la Médiathèque a couté les années passées environ 500 000 euros. Bref, le numérique coûte cher, de plus en plus cher.

Et là, on nous demande de voter une rallonge de 340 000 euros en investissement, et 120 000 en fonctionnement. Nous questionnons la fuite en avant vers le tout numérique.

Cette fuite en avant a des impacts lourds :

  • Impacts environnementaux : par exemple, plus de 10% de la consommation électrique mondiale est le fait d’internet, et cette part grandit très vite. Le numérique n’est pas du tout « dématérialisé », les équipements consomment beaucoup d’énergie et de ressource pour être produits. Or le numérique est le royaume de l’obsolescence : très difficile de garder le même smartphone plus de 3 ans, le même ordinateur plus de 5 ans. Et les filières de recyclage sont très très lacunaires, et puis de toutes façons le recyclage lui-même consomme aussi des ressources et génère des pollutions ;
  • Impacts sociaux, avec notamment les conditions inhumaines dans lesquelles sont réalisés, par les pauvres des pays pauvres, l’extraction des matières premières et la récupération des quelques métaux de valeur qu’il est rentable de récupérer. Impacts sociaux aussi avec la fracture numérique, ou encore le remplacement de l’homme par la machine pas seulement pour des tâches pénibles ou ingrates, mais aussi partout où cela est plus rentable pour le profit du capital ;
  • Impacts psychologiques avec une responsabilité indiscutable des nouvelles technologies sur la souffrance au travail, le harcèlement, et le développement socio-psychologique des adolescents, et surtout des jeunes enfants ;
  • Enfin, en rendant tout le fonctionnement de la société tributaire du numérique, y compris les secteurs vitaux comme la santé, l’énergie, l’alimentation, nous créons à vitesse accélérée une vulnérabilité de l’humanité d’un niveau et d’une ampleur inédites dans son histoire.

Alors il sera facile pour vous de caricaturer notre position plutôt que de vous remettre en question. Evidemment, l’informatique est aujourd’hui incontournable, et nous ne prônons pas le zéro informatique. Nous prônons le regard critique et l’auto-limitation.


Comme l’a déclaré récemment le président de l’ARCEP, l’autorité de régulation des télécoms, chargée du déploiement de la 5G, je cite : « L’Arcep ne peut pas avoir pour objectif de réduire l’impact environnemental du numérique en allant vers une sobriété des usages. Car cela relève d’un choix politique. « 

Nous nous abstiendrons sur cette délibération.